Tout commence par un rêve de petite fille… travailler avec des artistes ! Après avoir créé sa première entreprise à 22 ans, la Tribu des Créateurs, une agence de direction et production artistique événementielle, Florence Haxel lance en 2011 le site d’entraide au féminin Mes Bonnes Copines qui aujourd’hui atteint les 45 000 membres avec plus de 2000 interactions chaque jour.

Le principe est simple : proposer des échanges « coup de pouce » entre femmes, dans la sphère personnelle ou professionnelle, afin de se faciliter la vie, faire des rencontres et développer ses compétences ou ses projets. Au fil des années, le concept s’est enrichi d’une véritable communauté de consommatrices actives pour les marques qui souhaitent interagir avec leurs utilisatrices, et d’un vivier important d’expertises professionnelles pour aider les entrepreneures à créer ou se développer (grâce aux webconférences et l’Académie des Bonnes Copines).

Pétillante, dynamique, fonceuse et remplie d’idées, Florence est la reine du marketing et du réseau social ! D’ailleurs c’est ce qui la motive chaque jour… faire de nouvelles rencontres ! Lors de la conférence où elle intervenait sur le Salon SME (salon des micro-entreprises) à Paris en octobre dernier, juste avant mon interview, elle nous confiait d’ailleurs que pour développer ses contacts, elle invitait chaque mois une personne de son réseau social à aller boire un café pour faire connaissance, en choisissant justement des personnes qui étaient totalement différentes d’elles, ou celles qui la faisaient rêver…

C’est un peu comme ça que l’on s’est rencontrées aussi il y a 4 ans, même si cette fois nous avions pas mal de points communs (le marketing, l’entrepreneuriat et les femmes !). Un message sur Linkedin, et elle répondait très vite oui pour intervenir au Forum Entrepreneuriat Féminin 2012 que j’organisais en Aquitaine, pour nous présenter son concept. Depuis, je ne manque pas de la croiser, quand je viens à Paris sur l’un des nombreux évènements auxquels elle participe en tant que conférencière, voire même de passer une excellente soirée à refaire le monde autour d’un verre. C’est toujours un plaisir !

Et Florence vient tout juste de remporter le Prix Innovation Sociale aux Trophées de la Communication Digitale au Féminin organisé par le Groupe TF1 et Labcom. Félicitations, un succès bien mérité !

 

Peux-tu nous raconter comment tu as créé Mes Bonnes Copines, et avant cela, ta première entreprise La tribu des créateurs ? Qu’est ce qui t’a donné le déclic d’entreprendre, l’envie de créer ta boite ?

En fait, je n’ai travaillé que pendant 2 ans de ma vie en tant que salariée, à l’époque de mes 20/22 ans, quand j’ai commencé chez Chanel. A la base, je n’ai pas « monté une boîte pour monter une boîte », mais je voulais vivre au quotidien de ma passion, de mon rêve, qui à l’époque était de bosser avec des artistes. Ce n’était donc pas une fin en soi de devenir entrepreneure, je ne savais même pas ce que cela voulait dire d’être entrepreneure à l’époque, mon rêve c’était juste de bosser avec des artistes et d’en vivre !

Je suis devenue entrepreneure dans la seconde partie de mon parcours, pendant la phase Mes Bonnes Copines, car avant cela, pendant 10 ans j’ai développé La Tribu des Créateurs en me focalisant sur mon expertise métier. J’ai appris mon job en le faisant, et c’est en ayant l’idée de Mes Bonnes Copines que je suis devenue une vraie entrepreneure, dans tous les sens du terme. 

Cela fait 15 ans que tu es entrepreneure, qu’est-ce qui te motive toujours, quels sont les 3 kiffs que tu vis au quotidien en tant qu’entrepreneure et qui te donnent l’envie de continuer ?

Le 1er kiff qui me vient tout de suite c’est le plaisir des rencontres, je sais que mon job passe par le fait de rencontrer des gens et j’adore ça !  Parler, découvrir l’autre, cette nécessité que tu as d’être dans la connexion quand tu es entrepreneure, le réseau, c’est ce qui est pour moi un plaisir à la base car je suis hyper curieuse !

Mon 2e kiff c’est la liberté, alors oui la liberté de bosser jusqu’à 4h du mat, c’est vrai, mais surtout la liberté d’aller chercher mes gamins à la sortie de l’école, si j’en ai envie. Cette liberté là, j’aurai du mal à m’en passer. La liberté de faire que ce que j’ai envie de faire, en tout cas j’en ai l’impression !

Plus tu avances, et plus tu as le luxe de pouvoir te focaliser sur ce quoi tu as envie de travailler, sur ce que tu aimes, là où est ton expertise… bien sûr au départ c’est un peu difficile, il faut attendre un peu avant d’avoir ce luxe, mais après 15 ans je peux dire que je l’ai.

Mon 3e kiff : gagner plein de tunes !! (rires)… enfin si on veut : la liberté de gagner moins que le smic ou 10000 euros par mois !! C’est comme pour le nombre d’heures… C’est assez jouissif en fait… tu apprends à dormir en ne sachant pas si à la fin du mois tu auras assez, mais tu as aussi des sensations de réussite financière à certains moments qui font partie du plaisir, par rapport à l’investissement que tu y mets.

Après je me suis rendue compte que j’avais du mal à faire quoi que ce soit sans que cela puisse m’apporter en terme de business, c’est limite grisant, mais ça fait partie du jeu, du plaisir.

 

La création d’entreprise est difficile pour tout le monde, homme ou femme, on y rencontre beaucoup d’obstacles, quel a été ton obstacle le plus difficile et comment tu l’as surmonté ?

En fait en réfléchissant, il n’y a pas vraiment un moment particulier qui me vient, chaque journée est composée de 5 micro-obstacles, et 5 micro-réussites ! Il n’y a pas eu de vrais moments bloquants, tous les jours il y a des milliers de pbs à gérer, mais pour moi l’obstacle c’est quand on n’arrive pas à trouver une solution et que c’est fini. Pour moi il y a toujours un chemin, une solution pour résoudre le pb ou une alternative : tu contournes, tu trouves un nouvel angle, ça ne se termine jamais en fait. Même quand tu fermes ta boite, tu capitalises sur ce que tu as fait, et ton prochain pas profitera de ce que tu as appris avant. On n’est vraiment jamais face à un mur, en tout cas il ne faut pas se dire qu’on a des murs devant soi… on passe notre temps à monter des marches !

C’est ma petite phrase fétiche ça : « l’entrepreneuriat ce n’est pas se jeter dans le vide, c’est monter des petites marches »

Tu ne dois pas avoir peur, tu n’es pas en danger vital, tu apprends petit à petit…. Tu auras sans arrêt des problèmes à gérer mais aussi des petites réussites, ce n’est pas l’euphorie, il faut dépasser le fantasme de la « success story » et réussir à transformer quelque chose que tu peux percevoir comme un échec en un point d’appui pour la suite.

Pour moi, il n’y a pas d’échec, il n’y a pas de réussite, c’est le monde extérieur qui te renvoie cette image ! Tout le monde me voit comme la « succesfull entrepreneure » alors que moi je suis en constante évolution, pour moi je suis à des années lumières d’y être arrivée, je suis très très loin de mon objectif, car au moment où j’y serai arrivée j’en aurai changé en fait, j’aurai déjà bifurqué. Il n’y a pas un moment où je me suis dit « ah j’ai foiré, ou ah j’ai réussi ».

Alors c’est quoi tes prochains défis, tes rêves ?

A titre personnel, je dois passer mon permis de conduire !! Eh non je ne l’ai pas !!  Il faut aussi que je parle mieux anglais, hier on m’a demandé une interview en anglais et c’est compliqué !

Un conseil pour les entrepreneures ou futures créatrices qui nous lisent ?

Je vais reprendre la phrase que j’ai dite plus haut et dont j’ai fait ma maxime. J’aimerai que toutes les femmes osent créer leur boite, car « ce n’est pas se jeter dans le vide, c’est monter de petites marches ». C’est ce que je fais de manière instinctive en fait, comme la méthode lean, une méthode agile de l’entrepreneuriat. Depuis que j’ai commencé c’est ce que je fais, je n’ai jamais mis toutes les cartes sur la table. Tu expérimentes, tu analyses les retours d’expérimentation, et en fonction tu ajoutes un peu plus d’engagement, un peu plus d’implication en terme financier ou de temps… tu avances avec un socle très solide que tu fais grandir au fur et à mesure. C’est beaucoup moins angoissant, car tu ne ne mets pas toutes tes billes dans le même panier au même moment !

C’est une manière de voir les choses qui peut être intéressant pour les femmes entrepreneures, car cela peut lever un frein de ne pas voir trop grand dès le départ. Surtout ne quittez pas votre job tout de suite !! Je vois trop souvent des femmes qui viennent me voir en me disant, « j’ai 3 enfants, j’ai une idée de boite, j’ai trouvé un local de 150m2 en plein centre de paris, j’ai décidé de lâcher mon boulot »… non non non !! Petit à petit, l’oiseau fait son nid, et faire petit ce n’est pas péjoratif du tout, cela ne veut pas dire que ce n’est pas important pour vous, ou que ce n’est pas crédible… Il faut expérimenter petit et s’appuyer là dessus pour grandir. Alors tu grandis solide, et dans la durée, et tu ne risques pas au bout de 6 mois de te retrouver en galère, avec une image terrible de toi à cause de l’échec, car c’est ce qui est le pire pour les femmes, et parce que c’est très difficile de remonter la pente après…

Merci Florence ! Et bonne route avec Mes Bonnes Copines…

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